Si les jeux vidéo se limitaient auparavant à des introductions et des écrans-titre fixes, l’évolution technologique a permis aux créatifs de parfaire la mise en scène de ces séquences et il n’est plus rare d’être interpelé par des images avant même de démarrer le jeu. Difficile, par exemple, de rester de marbre devant celles de Final Fantasy VI (et son mythique Terra’s Theme) ou les images de synthèse – stupéfiantes à l'époque – de Final Fantasy VII. Et que dire de l’écran-titre de Metal Gear Solid 4 ? Les concepteurs savent nous happer et Xenoblade Chronicles fera sans doute partie des exemples que l’on citera dans quelques années. Alors qu’une légère brise danse avec la végétation, une douce mélopée au piano s’élève sur l’image de l’épée Monado plantée dans le sol d’une plaine figée par le temps, le tout avec un cycle jour/nuit du plus bel effet. Plusieurs années après, l’impact demeure le même et on reste de longues minutes à regarder ce beau tableau en écoutant le thème de Yoko Shimomura. Mais au-delà de ce sublime écran-titre, il est important de s’intéresser aux contours de ce Xenoblade Chronicles : Definitive Edition et de son épilogue qui s’étend sur de longues heures. La Switch a-t-elle eu raison d’accueillir ce remaster ? C’est ce que l’on va essayer de définir dans les lignes qui suivent.
Acheter Xenoblade Chronicles : Definitive Edition sur Switch chez Cdiscount
Chef d’œuvre de la ludothèque Wii, Xenoblade Chronicles a marqué les esprits grâce à ses paysages magnifiques, ses personnages hauts en couleur, ses émotions fortes et ses affrontements épiques. Toutefois, et malgré ses innombrables qualités, le jeu de Monolith a souffert d’un character design très particulier, notamment entaché de textures faiblardes. En 2010, ce défaut a fait le tour du monde et il n’était pas rare de lire l’incompréhension des joueurs sur les forums de la planète, alors même que le jeu n'était pas disponible en occident. Inévitablement, le phénomène est remonté jusqu’aux développeurs et la création de cette nouvelle version est aussi, pour le studio, une manière d’effacer cette réputation qui leur colle aux basques depuis des années – à savoir de talentueux graphistes mais qui peinent à représenter de manière réaliste leurs protagonistes. Xenoblade Chronicles 2 souffre d’ailleurs aussi de ce type de commentaires mais c’est une autre histoire… Bref, tout ça pour dire que Xenoblade Chronicles Definitive Edition propose des personnages bien plus réussis – avec des textures nettes – et des décors plus denses et détaillés. La bande-son, de son côté, est toujours aussi merveilleuse et profite, pour certains thèmes, d’une réorchestration et d’une réharmonisation des partitions initiales. Ces améliorations concrètes de la réalisation participe à la redécouverte du jeu original. La mise en scène en sort grandie et il est même possible – pour les amateurs de la langue de Kurosawa – d’opter pour les voix japonaises. Le doublage nippon est excellent et apporte une profondeur supplémentaire aux protagonistes. De quoi profiter pleinement de chaque moment fort d'un jeu qui n'en manque pas.
FORMIDABLE UN JOUR…
Même si la technique évolue très vite, la qualité d’une œuvre ne doit (logiquement) pas dépérir à mesure que le temps passe. Xenoblade Chronicles a beau avoir dix ans, il n’a rien perdu de sa superbe. Tant dans le ton, la mise en scène ou les thèmes abordés, l’œuvre de Monolith accroche le joueur et parvient – grâce, notamment, à son équilibre entre cinématiques et phases de gameplay – à nous happer du début à la fin. Si le charisme des personnages sera désormais sujet à débats, ses mécaniques demeurent, elles, toujours aussi efficaces. La combinaison des Arts, la liberté laissée au joueur dans l’exploration des lieux, le lien qui unit chaque protagoniste (avec les tête-à-tête qui matérialisent la progression des relations), les divers enchaînements, l’évolution des compétences… tout a été pensé dans les moindres détails par l’équipe de développement. Le jeu a aussi la bonne idée de distiller une petite approche tactique, notamment lorsqu’on fait face à des adversaires très imposants qu’il faut faire chuter ou "breaker" pour les rendre vulnérables et prendre l’avantage. Le placement de chaque membre de l’escouade est également vital pour venir à bout des opposants les plus résistants dans le sens où la position influe sur les dégâts et les effets. Et c’est évidemment un plaisir de retrouver le principe des visions qui permet de contrecarrer les plans futurs de l’ennemi. Sur de nombreux aspects ludiques, le titre n’a décidément pas grand-chose à envier aux jeux du moment.
Xenoblade Chronicles était une œuvre majeure de la Wii et il est vrai que les productions actuelles peuvent rendre caduques certains de ses aspects mais ses faiblesses ne sont qu’une étincelle sur la carcasse d’un mécha. L’affichage s’apparente, dans l’esprit, à celui de Xenoblade Chronicles 2, avec une résolution logiquement moindre en mode portable. Ce qui est un peu dommageable, c’est que la résolution ne reste pas stable mais oscille entre 504p et 720p sur téléviseur et 378p (soit moins que la Wii !) et 540p en mode portable. Heureusement, l’animation tourne à 30 images par seconde et tient le choc lors des phases d’exploration dans de vastes espaces. En mode portable, les concessions sont tout de même bien visibles avec une profondeur de champ revue à la baisse (cette satanée herbe qui pop à quelques mètres de toi !) et une sensation de flou sur certaines textures. Sur la TV, ces défauts ne disparaissent pas mais sont (un peu) atténués. C’est tout de même là qu’on se dit qu’un peu plus de puissance dans les machines Nintendo, ça ne ferait parfois pas de mal… Mais que l’on n’y trompe pas : comme bien souvent, on oublie rapidement ces tares dans le feu de l’action et le jeu reste, globalement, agréable à regarder. Il faut juste éviter de se coller le nez sur l’écran, quoi !
LA MENACE DES OMBRES
Comme expliqué dans la preview , l’intérêt de cette nouvelle version réside, en grande partie, dans son chapitre inédit intitulé "Un Avenir Commun". Se déroulant sur l’épaule de Bionis, cette histoire secondaire (qui est directement accessible depuis le menu) relate la lutte de Shulk et ses compagnons contre le Roi des Brumes. Cette entité ténébreuse, qui a pris possession de la capitale impériale d’Alcamoth, émet un pouvoir maléfique qui transforme les créatures du monde – qu’elles soient pacifiques ou hostiles – et les rend bien plus puissantes. Face à un tel monstre, la vaillante escouade va devoir trouver des leviers (rencontre avec d’autres protagonistes, apprentissage de nouvelles techniques…) pour ramener la paix dans les populations environnantes. Bien évidemment, la trame – qui joue avec les flashbacks et les clins d’œil – est riche en rebondissements et ne manquera pas de vous mettre en difficulté face à des créatures aussi gigantesques que sournoises. Mais nous vous laissons découvrir le fil des évènements par vous-mêmes.
L’autre nouveauté, et non des moindres, provient du gameplay. Plutôt que de faire un copier-coller de ce qui existait déjà, les développeurs ont choisi de bouleverser nos habitudes. Les visions de Shulk, qui sont indissociables de l’original, ont totalement disparu. Même chose pour les compétences et combinaisons d’équipe que l’on aimait tant dans Xenoblade Chronicles. À la place, les personnages – qui débutent au niveau 60 – peuvent faire évoluer leurs Arts, des aptitudes qui octroient des capacités supplémentaires (attaque, défense, soin, buff/debuff, etc.) ou même user de la pioche pour extraire de l’éther grâce aux gisements que l’on trouve un peu partout sur la map. Il est aussi possible d’échanger des emblèmes contre de nouveaux grimoires pour booster le potentiel de ses avatars (que l'on peut incarner selon son libre arbitre). Certains pourront trouver les ajustements un peu légers, voire même être déçus, mais Monolith a voulu adapter ses mécaniques de jeu par rapport à la puissance des personnages. Dans cet épilogue, Shulk n’a en effet plus rien à voir avec le jeune combattant débutant qu’il était dans l’original. Pour le reste, le cycle jour/nuit est toujours de la partie (avec liberté de changer d’heure), tout comme les tête-à-tête (qui prennent le nom d’apartés).
PETITS PATA-PON, AU RAPPORT !
Dans l’histoire, vous serez très vite rejoint par un duo de Nopons très marrant : Kino et Nene. Ces deux-là, en plus de mettre en avant l’excellence de la traduction, participent à adoucir l’ambiance et il n’est pas rare de sourire devant leurs bêtises. Les Nopons, dans Xenoblade Chronicles Definitive Edition, ont d’ailleurs un rôle encore plus important puisqu’ils prennent la forme d’une guilde, appelée Ponspecteurs, qui est spécialisée dans l’analyse des terrains. Concrètement, ces topographes d’élite sont originaires du village frontière et permettent d’accéder à des attaques spéciales supplémentaires. Pour en profiter, il faut les retrouver au cours de l’exploration (ils sont au nombre de douze) et les recruter en réussissant les défis qu’ils proposent. Chaque ponspecteur dispose d’une couleur qui correspond à une approche : rouge pour l’offensive, bleu pour le soin et enfin jaune pour tout ce qui gravite autour des handicaps causés aux ennemis. Et ce qui fait leur force, c’est qu’ils agissent comme de véritables petits soldats. Ils suivent le groupe, participent aux combats et peuvent même, le cas échéant, passer dans une sorte d’état de furie. De quoi mettre à mal un paquet de belligérants !
Cette super-attaque porte le nom de « Opéra-pon spéciale » (quand on vous dit que la traduction est top) et s’obtient en recrutant des ponspecteurs de la même couleur. Plus vous recrutez de créatures, plus la puissance de l’attaque est dévastatrice ! L’intérêt de cette méga-offensive est de toucher plusieurs ennemis à la fois et il existe 3 types d’attaque : Comète (focalisé sur un seul ennemi mais qui prend cher), Confort (soigne, efface les effets d’altération et régénère le groupe) et enfin Chaos (qui, comme son nom l’indique, est une giga attaque à portée multiple). Tous ces aspects du jeu sont importants à cerner car ils octroient, selon les mécaniques, des tours supplémentaires. Par exemple, si une opéra-pon est lancée et que les autres membres de l’équipe sont libres de leurs mouvements, le joueur obtient le droit d’effectuer un second tour. Au départ, on peut s’en passer mais cela devient rapidement une véritable option pour se dépêtrer des boss les plus tenaces. Enfin surtout en mode difficile…
LES OPTIONS POUR LE PEUPLE
Pour s’adapter à chacun, aussi bien les puristes comme les novices, Monolith Soft propose un mode facile et une batterie d’options pour alléger le périple (comme, par exemple, une ligne matérialisée sur la carte et donnant la direction à suivre). Mais que les durs à cuire se rassurent, les développeurs nippons ont intégré un mode Expert qui instaure un nouveau principe : une partie des XP gagnés est mise de côté pour être utilisée ultérieurement au lieu d’être dispatchée entre chaque membre du groupe. Cette réserve de points d’expérience apporte une dimension stratégique supplémentaire vraiment intéressante puisque vous pouvez ajuster, quand vous le souhaitez, le niveau de vos personnages. Si vous souhaitez réduire le niveau d’un protagoniste pour augmenter votre réserve d’XP, vous pouvez ! Inutile de dire, mode expert oblige, que toutes les rencontres avec des ennemis deviennent un parcours du combattant. Et on ne parle même pas des boss…
L’autre ajout, qui fera plaisir à beaucoup, est l’intégration d’un mode Time Attack, dont le but est de vaincre des monstres dans un temps imparti. Ce mode, qui ne se débloque pas tout de suite, s’obtient en entrant dans des boules de lumière que l’on trouve ça et là. À l’intérieur du sanctuaire, le grand sage (encore un Nopon !) vous invite à choisir entre deux options : un mode libre qui permet de choisir les personnages de son choix et un mode fixe qui choisit les compagnons qui vont vous suivre. Les gemmes noponiques acquises par la réussite de ces défis offrent la possibilité de faire du troc pour glaner de nombreuses récompenses. De quoi booster son équipement pour la suite des évènements !
De base, Xenoblade Chronicles est un jeu fantastique qui se voit, aujourd’hui, retravaillé et adapté sur Switch. Si la partie visuelle peut être sujette à questionnements (surtout pour l’affichage parce que la direction artistique est vraiment efficace), tout le reste n’a pas perdu une once de son aura. Mieux, le contenu – déjà gargantuesque – est enrichi par un épilogue qui s’étend sur une bonne dizaine d’heures (et plus, bien sûr, si vous effectuez toutes les quêtes annexes, un peu trop Fedex mais bon…) auquel se greffent du challenge supplémentaire et un mode contre-la-montre. L’interface a même été revue pour plus de confort ! Dans ces conditions, et malgré les années qui ont passé, il apparait difficile de terminer sur une mauvaise note.
Acheter Xenoblade Chronicles : Definitive Edition sur Switch chez Cdiscount
Points forts
- Une traduction excellente
- Musiques exceptionnelles (et réorchestrées pour certaines)
- Des paysages immersifs et très différents les uns des autres
- Un character design (à la touche manga) affiné
- Le challenge du mode Expert
- L'apparition du mode contre-la-montre
- Incroyable sensation de liberté
- Bestiaire varié
- La direction artistique de qualité
- Un gameplay toujours à l'ordre du jour
- Durée de vie dantesque (+10/15 heures pour l'épilogue)
- Doublage japonais disponible
- L'épilogue et ses ajouts/ajustements
- Kino et Nene sont craquants et très drôles
- Les ponspecteurs
Points faibles
- Des quêtes annexes sans grand intérêt pour la plupart
- Satanés allers-retours, les pompes du héros vont finir en charpie
- Affichage pas toujours au top (popping, flou, etc.)
- Il faut se contenter d'un 30 images par seconde (mais stable !)
- Combats un peu brouillons par moments
La boucle est bouclée ! Après un passage sur New 3DS, le grand Xenoblade Chronicles rejoint la famille de la Switch. Dans l’esprit d’un Xenoblade Chronicles 2 sur le plan visuel, le titre profite de graphismes améliorés, d’une optimisation de son interface, de musiques somptueuses (et pour certaines réorchestrées) et d’un gameplay percutant qui a tout pour plaire. Bien évidemment, il ne s’agit en rien d’un remake car l’aventure, dans son ensemble, reste une copie très fidèle à l’épisode Wii et le gap n'est pas statosphérique mais tous les ajouts (épilogue, contre-la-montre, mode expert…) font de cette version le Xenoblade Chronicles ultime. Dépaysant et très bien calibré, il est de ces jeux qui offrent une aventure franchement inoubliable. Et comme il a la bonne idée de proposer un mode facile, il peut être une porte d’entrée pour pas mal de possesseurs de Switch curieux et désireux de s’essayer au genre. Si vous êtes de celles ou ceux qui donnent une importance considérable à la technique, enlevez un point. Mais il s'agit, sans aucun doute, de l’un des jeux de l’été pour la console de Nintendo !
Note de la rédaction
L'avis des lecteurs (151)
Lire les avis des lecteursDonnez votre avis sur le jeu !
Cette page contient des liens affiliés vers certains produits que JV a sélectionnés pour vous. Chaque achat que vous faites en cliquant sur un de ces liens ne vous coûtera pas plus cher, mais l'e-commerçant nous reversera une commission.Les prix indiqués dans l'article sont ceux proposés par les sites marchands au moment de la publication de l'article et ces prix sont susceptibles de varier à la seule discrétion du site marchand sans que JV n'en soit informé.En savoir plus.